La lecture ?  mais c'est très simple !

Annick  ETIENNE

         Orthophoniste

 

 

Pierre Jackès Elias, dans le cheval d'orgueil, raconte que les mamans bretonnes apprenaient à lire à leurs enfants pour que ce soit les cœurs les plus purs qui lisent la vie des saints à la veillée. Si nos grand'mères, toute simples, de la campagne, pouvaient le faire, pourquoi pas vous ?

 

Ayant 35 ans de pratique avec des enfants en difficultés d'apprentissage, je vais vous donner quelques petits trucs pour apprendre à lire à vos petits, et cela à partir de 5 ans, 5 ans ½.

 

Faire d'abord des cueillettes de sons. Par exemple trouver le son [i] dans les mots que l'on dit :

maman

bébé

papi

histoire

etc

 

On le fait avec toutes les voyelles. Puis avec les consonnes longues. Par exemple le son [f] :

mamie

une fée

chien

fille

etc

 

On commence par les consonnes longues pour que l'enfant puisse les entendre longtemps. Si on commence par [p], il n'a pas le temps de l'entendre, c'est trop court.

 

Après les cueillettes de sons, on commence l'apprentissage proprement dit :

On découpe des étiquettes en papier cartonné (le carton d'emballage de nos collants est parfait). D'abord les voyelles :

 

a           e            i           o           u           y           é                                                                                                                                

                                                                                                          dire que c'est un autre i

 


Puis on découpe les consonnes.

 

NE  JAMAIS  DIRE  LEUR  NOM,  MAIS  SEULEMENT  LEUR  BRUIT

 

D'abord :

                        le bruit du serpent

 

On apprend bien les voyelles, puis on pose les étiquettes sur la table comme ceci :

 

 

 

                                              


Et on demande : montre moi :   "iisss"      on fait durer le son des lettres pour que l'enfant s'en pénètre; et l'enfant montre :

 

          

 

 

Très vite l'enfant y parvient sans erreur. Alors on ajoute à droite :

 

           le bruit du vent

 

Et on recommence le même exercice.

  

Puis                 le bruit du TGV qui s'arrête à la gare.

 


Lorsque l'enfant fait cet exercice sans erreur, c'est vous qui montrez et l'enfant doit lire. D'abord la même voyelle avec chaque consonne, puis dans le désordre.

 

                                                         

                                                                     

                                                                     

Après ce premier exercice, l'enfant est en confiance et il a compris que les lettres sont des bruits et des sons. Alors on inverse les étiquettes.

 

                                    

                                               

                                    


Et on recommence : montre-moi  "sssuu"

                                                 

                                   

                                                 

                                  

                                             

 

Il faut être patient car c'est plus difficile, mais il ne faut pas le dire à l'enfant. Lorsque celui-ci ne se trompe plus, c'est lui qui lit : et on fait monter l'ascenseur au  [f]

 

                                                 

                                                

                                                

          

 

puis au [s], puis au [ch]

 

On recommence la même chose avec  v – z – j : [v] le bruit de l'avion, [z] le bruit du moustique et [j] le bruit d'une sirène de bateau.

 

 

 

Il arrive souvent qu'un enfant un peu bébé, encore dans l'univers magique, ne comprenne pas pourquoi [f] et [i] ça ne fait pas [cho]. Ce n'est pas grave, peu à peu il l'accepte et c'est gagné.

 

Lorsque l'enfant a acquis ce qu'on appelle la fusion syllabique, vous pouvez acheter "Bien lire et Aimer lire" (ESF tome I ), d'occasion si possible, les éditions anciennes sont meilleures. Et vous verrez en quelques mois votre enfant saura lire.

 

L'attention d'un jeune enfant est très labile. Ne dépassez pas 10 mn de travail, ¼ d'heure s'il est très en forme. Si vous sentez qu'un jour ça ne passe pas, vous dites "on y arrivera mieux demain". Surtout ne vous énervez pas. Je vous garantis qu'il n'y a jamais d'échec avec cette méthode; depuis 35 ans je le saurais.

 

Ne faites pas écrire l'enfant trop petit. Pour qu'il soit mûr pour cet apprentissage, développez sa latéralisation en lui apprenant à sauter à la corde et à nager la brasse. Ne soyez pas trop pressé. Autrefois on apprenait à écrire un an après avoir appris à lire et neurologiquement c'est très logique.

 

 

Bon courage !

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